Selon la Ligue internationale des associations d’aide aux handicapés mentaux, « le déficient mental a les mêmes droits fondamentaux que les autres citoyens du même pays et du même âge » et, pour l’équipe du Centre de jour « Jean Théwis », l’accès à une éducation affective et sexuelle fait partie de ces droits fondamentaux. Mieux : elle aide à leur mise en pratique ! Il s’agit de favoriser l’épanouissement des personnesdans leur vie affective et sexuelle en les aidant aussi à se préserver des abus.
La personne mentalement handicapée n’a pas accès à l’éducation affective et sexuelle
Force est de constater que la personne mentalement handicapée n’a, en fait, guère accès à l’éducation affective et sexuelle. Une personne dite normale s’auto-éduque par les médias (télévision, magazines pour ados ...) ou reçoit, une éducation dispensée à ce sujet, cahin-caha ou réellement c’est selon, à l’école ou en famille. Pour la personne déficiente mentale, l’éducation affective et sexuelle est plus souvent altérée, voire inexistante : ses difficultés de concentration, de mémorisation, ses lacunes en lecture lui ferment les portes de l’auto-éducation tandis que, en général, peu de choses sont abordées en famille ou à l’école.
Des adultes déficients mentaux sont adultes : comme toutes personnes, ils ont des pulsions, des sentiments et éprouvent souvent de grosses difficultés à les comprendre, à les exprimer, à les vivre.
S’il existe une littérature sur la question, il y a peu de matériel didactique éprouvé qui relate les réactions des personnes handicapées, leurs difficultés ou celles des animateurs de projets, soit lors de sa mise en place, soit dans son déroulement. Les intervenants auprès d’adultes handicapés mentaux confirment qu’il est difficile de se « lancer » dans l’animation sur le thème de l’éducation affective et sexuelle.
Le Centre « Jean Théwis », dont l’origine catho et l’implantation en région semi-rurale en Wallonie auraient pu constituer un obstacle, a eu l’audace d’entreprendre la direction de l’institution et les familles de ses clients handicapé(e)s qui ont adhéré au projet d’animation sur ce thème, dans le cadre habituel des activités du Centre de jour. Elle s’en étonne même encore, tout en se réjouissant, a juste titre, d’avoir « osé » !
En foyer éducatif, à l’école, en famille...
Pour qu’elle puisse servir à d’autres, le Centre publie le compte rendu de l’expérience [1]. On trouvera dans cet ouvrage la relation de l’expérience conduite pendant quatre années, étape après étape, semaine après semaine, avec ses périodes de découragement et ses périodes d’enthousiasme, depuis la construction du projet : comment sensibiliser la direction, l’équipe éducative et les familles des personnes handicapées ? Une seconde partie traite des fonction et rôles de chacun : qui anime l’activité ? qui est observateur non-participant ? comment se passe une séance type ? comment obtenir une « peau de groupe » ?
Il s’agit d’un vrai un guide pratique exposant, séance par séance, quels sujets aborder et comment, quelles difficultés ont été rencontrées, comment ont réagi les personnes handicapées et leur entourage ? Photos à l’appui, l’ouvrage détaille les renseignements nécessaires pour se procurer et fabriquer le matériel adapté nécessaire.
On y trouvera aussi des témoignages personnels des animateurs et des bénéficiaires de l’activité ; les auteurs abordent sans détour les questions de déontologie : jusqu’où vont les animateurs dans ce qu’ils donnent de personnel ?
La méthode, conçue au départ pour un public adulte, peut facilement être transposée à l’intention d’enfants dits normaux ; elle peut donc être le support d’un travail scolaire ou d’une éducation en famille ou encore en institurion.
L’équipe « Jean Théwis » a relaté son expérience, avec ses aspects positifs, négatifs ou discutables : sa façon de gérer l’atelier, basée sur des choix d’équipe, n’engagent qu’elle, sans prétendre enseigner « la » bonne manière, mais en espérant que ce dossier sera pour d’autres institutions, pour des écoles ou des familles, le point de départ d’une mise en pratique et une aide pour à s’engager sur le chemin sinueux de l’éducation affective et sexuelle.